mardi 28 juillet 2015

Le 26 juillet 2015: Voie Nabot-Léon au Pilier Rouge de Blaitière

Le Pilier Rouge de Blaitière
 Nous prenons la benne vers 8h15 et descendons au Plan de l’Aiguille vers 8h30. 
 Nous faisons une première dépose de matériel en haut de la moraine, piolets et crampons étaient inutiles, après ces temps de canicule !
Mathias se lance vers 10h15,  sur un magnifique granit très redressé. L’équipement est parcimonieux et il doit le compléter avec friends, sangles et coinceurs. « Ca grimpe », nous ne pouvons pas tout faire en corde tendue et tirons donc des longueurs, ou des bouts de longueurs suivant les difficultés.
Début de la voie
Le rocher est superbe, grande ambiance avec toutes ces immenses faces de granit autour, les séracs qui s’effondrent un peu plus loin, on se sent bien petits…Je suis à la fois émerveillée et perturbée par cette escalade. Le niveau, relevé, me pousse quasiment à mes limites. Je me sens "la tête dans le guidon", me fatigue donc très vite et peine à trouver un réel plaisir pendant les mouvements. En même temps, le rocher m’enchante par son adhérence, son grain, sa texture, la franchise de ses fissures et de ses prises. Je tends mes mains pour agripper quelque chose au-dessus, une petite entaille franche se présente, pas de prise pour les pieds, mes chaussons, pourtant loin d’avoir une gomme haut de gamme, collent à la paroi. Nous franchissons plusieurs très beaux passages, une fissure délicate, une belle dalle redressée qui me donne des sueurs froides, un passage plus athlétique en dièdre…
Granit...
Dans la dernière partie, nous faisons une erreur d’itinéraire, qui nous oblige à tirer un rappel un peu inconfortable pour redescendre et récupérer la bonne voie. S’ensuivent deux magnifiques longueurs en ascendance à gauche, bien raides. Les traversées à gauche m’obligent à serrer les dents, mais tout se passe bien !
Et voilà, c’est la fin de la voie. Nous nous lançons tout de suite dans les rappels. Quatre rappels. 

Ma première voie dans les Aiguilles de Chamonix, dans ce royaume de granit, j’en garderais un grand souvenir, de ce granit redressé, de cette atmosphère si particulière, faite de sauvagerie, d’âpreté et d’austérité. Une voie qui donne envie de gagner en assurance en grimpe...pour que l'émerveillement l'emporte!
Tracé de la voie en rouge
Approche : 1h45

Temps dans la voie : 3h30 (en comptant l'erreur d'itinéraire avec le rappel)

Retour : 1h

mercredi 22 juillet 2015

Les 14 et 16 juillet 2015: Deux belles voies à Ailefroide

Palavar-les-flots et Les Prédateurs
 Toujours pendant cette belle semaine à Ailefroide.
Secteur Palavar.

Palavar-les-Flots: 
Départ très matinal pour éviter la foule et la chaleur. Nous attaquons la voie à 6h20. L’escalade déroule, plaisante et fluide, sans grande difficulté, en majorité en 4/4+. Une petite dalle lisse à un moment tout de même, puis une portion nettement plus facile vers a fin. Nous remontons tout le pilier gauche du secteur de Palavar. Nous gravissons toute la voie à l’ombre, et débouchons en haut du pilier avec le soleil. Timing parfait ! Grand moment de plaisir. Nous avons mis 1h pour faire ces 11 longueurs, grâce à une grimpe en corde tendue.
Nous descendons en rappel, 4 rappels dans la face à droite de la voie, puis 2 rappels dans un couloir un poil scabreux, où les chutes de pierres menacent. Au total, nous aurons mis plus de temps à descendre qu’à monter ! Nous sommes de retour au camping vers 9h.

Grimpe: 1h
Descente: 1h20


Les Prédateurs:
Après un échauffement un peu chaotique dans les premières longueurs de "La Vie devant soi", nous nous rabattons sur cette voie. Les longueurs déroulent sans trop de heurts, je me prends au jeu, jouis de l’enchaînement des mouvements, ce qui ne m’arrive plus si souvent en escalade. La boulimie de Mathias frappe encore, et nous enchaînons les 8 longueurs avec une seule courte pause, 2h d’escalade quasi-continue. Les dernières longueurs comportent une succession de dalles lisses qui me ravissent moyennement. Court passage aérien sur une crête  et final sur une tour bien étroite.
Pour la redescente, des rappels un peu scabreux où nous craignons les coincements de corde, et à nouveau ce couloir péteux que nous connaissons bien désormais !
A 20h35, nous sommes au campement. Une belle sortie pour signer la fin du séjour à Ailefroide !
Grimpe: 2h
Descente: 1h 



 

Le 15 juillet 2015: Le Pelvoux par le Couloir Coolidge (départ d'Ailefroide)





Toujours pendant notre semaine de vacances à Ailefroide.
 Réveil à 3h et départ 25 min plus tard. Départ du camping d'Ailefroide donc. Tout commence par la rude montée au refuge du Pelvoux, sous les étoiles, avec les montagnes qui s’illuminent progressivement à l’est et prennent une superbe teinte rose orangé. Dans la nuit, on est un peu en pilotage automatique, et on se rend à peine compte de ces 1300 premiers mètres de dénivelé.

 Nous arrivons au refuge vers 5h30, nous continuons un peu au-dessus (au niveau d’une grande aire de bivouac) pour nous changer et faire une dépose matériel. Nous laissons nos baskets, t-shirts et shorts et enfilons pantalons, veste et grosses chaussures. Et c’est reparti !

Pierrier, névé, dalles rocheuses, et enfin nous atteignons le glacier à l'aplomb du couloir Coolidge.
Interminable couloir! Il se raidit et se rétrécit au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude. Dans le dernier tiers, Oscar accuse le coup et nous ralentissons un peu. Je ne m'en porte pas plus mal, la fatigue commence à me rattraper également. Mathias et Hugo, en revanche, semblent tout frais. Le haut du couloir est en rocher et glace. Nous choisissons la « sortie directe », avec un passage de glace pourrie un peu raide. On serre les dents pendants quelques mètres, et nous voilà à la sortie du couloir, sur les pentes sommitales, au soleil. Encore quelques centaines de mètres en légère montée, et nous sommes au sommet du Pelvoux. 
Il est 8h20, nous avons mis 5h.
Bonne pause au sommet, pour profiter du panorama magnifique.
Début de la descente
 Descente délicate dans sa première partie.Nous ne reprenons pas exactement l’itinéraire de montée en haut du couloir. Nous empruntons un vague sentier dans du rocher instable avant de retrouver la neige. Ces premiers mètres  demandent de l’attention. Glissade sans conséquence pour Oscar. Puis, nous retrouvons la trace, plus ou moins bien marquée suivant les étapes de la descente.Cette portion paraît presque aussi interminable à la descente qu’à la montée ! Les cuisses chauffent !
Nous atteignons le refuge peu avant 11h.

Camping-sommet: 5h
Sommet-Refuge du Pelvoux: 2h15
Au total: 11h15, avec longue pause au refuge

Topo C2C 

Petite histoire:
William Auguste Coolidge a vécu de 1850 à 1926 et a laissé son nom à de nombreuses voies et sommets dans l'Oisans, le Queyras, l'Ubaye et en Suisse, dont bien sûr, ce fameux Couloir Coolidge au Pelvoux qu'il gravit en 1870.
Il avait l'habitude d'emmener son chien pour ses ascensions, ce dernier aurait d'ailleurs gravi 30 sommets! Dont le Mont-Blanc. Costaud le toutou!

Le 12 juillet 2015: Traversée du Dôme des Ecrins (versant S de la brèche Lory)

Orange: Couloir Young/ Bleu: Brèche Lory: itinéraire suivi
 
Un itinéraire original.
Montée la veille en soirée au refuge de Temple-Ecrins depuis La Bérarde.
Je suis avec Mathias, et ses deux enfants, Hugo et Oscar.


Réveil à 2h. Par ces temps de canicule, la nuit est à peine fraîche. Nous partons vers 2h40. Nous commençons par remonter un sentier, puis un pierrier malcommode, assez énergivore. Nous nous encordons et chaussons les crampons quand nous atteignons le glacier. Commence alors une longue remontée sur le glacier, sous les lueurs du jour qui se lève peu à peu. Magnifique. En approchant, Mathias se rend compte que le Couloir Young, l’objectif initial,un peu plus raide, est tout sec. Nous nous replions donc sur le versant sud de la Brèche Lory, normalement un couloir de neige peu raide.

Mais les conditions en ont décidé autrement. Suite aux chaleurs caniculaires de ces derniers jours, le couloir est quasiment entièrement déneigé, la rimaye très ouverte. Mathias la franchit par un passage raide en rocher à gauche et nous assure du haut. Ce sera la portion la plus difficile techniquement.  S’ensuit une portion de neige assez raide où Hugo et Oscar découvrent l’usage des deux piolets. Puis, comme la neige se transforme en fine couche de glace, Mathias oblique à gauche pour prendre pied sur du rocher…instable et « péteux » à souhait.
Hugo vers la fin de la voie
 Des portions plus raides alternent avec des portions plus faciles. La difficulté ne vient pas de la cotation d’escalade, mais de la qualité du rocher, absolument pourri. On s’agrippe, cela dégringole, on pose un pied, tout valdingue !  Deux grosses alertes, un gros bloc qui passe à quelques centimètres de moi, un plus petit qui me touche le bras. Panique à bord, je déteste cela, cette sensation d’être à la merci de ce qui peut arriver, de ne pas pouvoir faire grand-chose pour éviter le danger. Tombera. Tombera pas. Mon estomac se noue et j’ai hâte de sortir de cette « poudrière ».
La sortie de la voie

Juste au moment où Mathias annonce que nous sommes presque tirés d’affaire, nouvelle alerte, le bruit caractéristique des pierres qui dégringolent, le regard qui se lève et cherche à apercevoir les projectiles, tout le corps qui se tend, prêt à se déplacer ou à se plaquer contre la paroi.Un gros bloc tombe sur les épaules de Hugo, plus de peur que de mal, à nouveau. Dans la dernière portion, je parviens à grimper sur un éperon plus à gauche, sur du rocher plus sain. Ouf.
Au débouché de la brèche Lory, avec Hugo et Oscar
 Et nous voilà au débouché de la brèche Lory, il est à peine 8h. Le Glacier Blanc de l’autre côté, illuminé par le soleil. Un grand moment cette arrivée, le passage de l’ombre au soleil, du rocher pourri aux vastes étendues de neige accueillantes, de l’austérité à la lumière. Encore quelques petits mètres de dénivelée et nous atteignons le sommet du Dôme des Ecrins. Premier 4000 d’Oscar ! Chapeau bas à toi ! Nous faisons une bonne pause au sommet puis entamons la descente. Oscar peine pendant toute la redescente du Dôme, ses jambes ne le portent plus, il se laisse tomber, glisser. 

Oscar se reprend un peu sur la fin de la descente. En bas, nous nous séparons : Mathias descend seul par le Col des Ecrins pour récupérer la voiture garée à La Bérarde et la ramener à Ailefroide où nous devons séjourner toute la semaine. Je continue la descente par la voie normale du Dôme avec Hugo et Oscar, qui nous mènera au Pré de Mme Carle, juste au-dessus du camping d’Ailefroide.

On cuit sur le Glacier Blanc, on se pose au refuge du Glacier Blanc, puis on avale les lacets jusqu'au Pré de Mme Carle. Très longue descente en pleine chaleur, un grand bonheur d'arriver en bas. Il est 14h20, et la sieste réparatrice est bien méritée!

A 16h, stop jusqu’à Ailefroide. La première prend Hugo et Oscar, la seconde m’embarque. Les conducteurs sont un peu interloqués au récit de notre périple « on est partis à pieds de La Bérarde !». Il fallait l’imaginer cet itinéraire…puis le mettre en œuvre et le vivre. Bravo Mathias !

Temple-Ecrins- sommet : 5h30

En tout : 11h45 avec bonne pause au sommet et au refuge du Glacier Blanc.

TopoC2C 

Petite histoire:
La première ascension du Dôme des Ecrins par cet itinéraire fut réalisée par Emmanuel Boileau de Castelnau et Pierre Gaspard, père et fils, en 1877, quelques semaines avant que cette cordée mythique ne vainquît la Meije, sommet emblématique de l'Oisans. 

mardi 7 juillet 2015

Le 4 juillet: la voie Frison-Roche au Brévent



Le tracé de la voie
 
Départ un peu chaotique: cela bouchonne dans la voie. Nous gravissons la première longueur, 
une dalle raide qui me donne des sueurs froides puis…redescendons quelques mètres en rappel pour trouver un endroit confortable et attendre un peu que les différentes cordées engagées dans la voie avancent.. Nous attendons environ 45 min. Bon bain de soleil en cette journée de canicule!

Et c’est reparti ! La suite de la voie traverse à droite avant d’atteindre un grand dièdre en 6a…qui me donne bien du fil à retordre .Je grimpe toute crispée, pas zen du tout, donc, je m’épuise. Dès qu’un passage un peu plus difficile se présente, j’essaie à peine, et hop, je tremble de partout et ne tiens plus les prises. Me voilà donc pendue au bout de la corde à m’escrimer avec cette fissure et ce maudit dièdre lisse. Je finis par m’en extirper, sans vraiment en triompher, je ne parviens pas à enchaîner les mouvements, et bataille plus que je ne grimpe…
S’ensuit une traversée à gauche et une légère redescente, en marchant, avant d’attaquer la dernière longueur. Là, nous attendons à nouveau car nous avons rejoint la cordée qui nous précédait. Nous sommes bien, à l’ombre, à l’abri de la canicule.

A la sortie du dièdre
 Nous terminons donc par ce beau mur raide et fissuré en 5c. A mon goût la plus belle longueur, celle du dièdre en 6a est sans doute très jolie aussi, mais mon manque de pratique, associée à un fond de fatigue m’ont empêchée de l’apprécier à sa juste valeur !

Au total: environ 2h30 dans la voie, en comptant les pauses.
1h30 de grimpe effective.


Voie historique du Brévent, la  voie Frison-Roche doit son titre au personnage du même nom, qui grimpa la magnifique fissure terminale de la voie en 1943, assuré du haut.

lundi 6 juillet 2015

Le 26 juin: le Kilomètre Vertical du Mont-Blanc


Un tracé...direct!


Et voilà que nous venons nous frotter à cette nouvelle discipline du trail ! Moi qui ai plutôt l’habitude des efforts longs, voire très longs, c’est une vraie nouveauté. Les règles du jeu sont simples : gravir le plus rapidement possible les 1000m de dénivelée positive et les 3.8 km qui séparent le centre de Chamonix du sommet de la télécabine de Planpraz. Un petit chemin qui zigzague, juste sous la cabine !
Les départs sont donnés à 30 secondes d’intervalle, à partir de 16h, une heure de départ nous est attribuée suivant un temps de référence choisi au moment de l’inscription. En réalité, tout est assez libre, et il est tout à fait possible de prendre le départ avant l’heure fixée par l’organisation.  Nous décidons de partir tous les deux vers 17h10.
Je m’élance donc  devant Mathias. Place du Triangle de l’Amitié à Chamonix, petite portion goudronnée assez raide avant de rejoindre le fameux sentier sous la télécabine.  Malgré les nombreux encouragements des spectateurs postés le long de la route, ces premiers mètres sont rudes, le cœur qui s’emballe, la bouche sèche, les jambes bien lourdes. Il faut surmonter cet essoufflement, prendre un rythme, rentrer dans la course. Dès les premiers lacets, je cesse de courir et me sens déjà mieux. Toutefois, le mental, aurait tendance à s’affoler lui aussi, un coup d’œil au-dessus, ça paraît interminable ! Un coup d’œil devant, que cela semble monotone ! Au bout de quelques lacets, Mathias me rattrape et me dépasse.

300m de D+. Seulement ! Je double de nombreux coureurs, un autre me talonne, je crois qu’il va me doubler tout de suite. Non. Il reste derrière. Allonger le pas. Maîtriser mon souffle, les mains sur les cuisses qui aident le mouvement. 500 m de D+. Je suis « dedans », bien concentrée, je sens mes jambes qui me répondent de mieux en mieux, le rythme cardiaque s’adapte à l’effort. Peu à peu, le sentier se raidit, il faut poser un peu les mains. Voilà qui détourne l’attention de l’effort pur et me fait beaucoup de bien.
La pente se raidit encore, j’atteins les premiers passages équipés de câbles. Malheureusement, cela bouchonne un peu…Je perds de précieuses secondes. 700m de D+. Cette fois, l’arrivée est proche. Je m’agrippe aux câbles de toutes mes forces, double beaucoup de monde, je rejoins la petite arête bien raide, à nouveau des bouchons.
Je débouche en bas de la gare du téléphérique. Les escaliers, il faut continuer à courir. Je me fais doubler, double à mon tour. Le haut des escaliers, et quelques mètres sur une large piste carrossable en montée peu raide. Je me force à courir.
 Ligne d’arrivée.

51min et 20 sec : 13ème Senior femmes. 154 ème au scratch (500 participants)
Mathias termine en 46min, 7ème V1 et 76ème au scratch. Belle perf !

Nous savourons le panorama magnifique de cette fin de journée sur tout le massif du Mont-Blanc, juste en face de nous. Nous savourons le contrecoup de l’effort. Un bel effort qui, malgré sa courte durée, laisse une agréable impression d’accomplissement, secoue comme il faut, sans épuiser l’organisme. La dernière portion, plus, raide, a ma préférence, un aspect plus ludique et la possibilité d’utiliser les 4 membres.