jeudi 27 août 2015

Le 23 août 2015: le Tour de la Grande Casse



Le défi trail de la saison ! 63 km et 3850 m de D+. Départ et arrivée à Pralognan-la-Vanoise.

Sur la ligne de départ, on nous annonce une météo plus favorable que celle prévue la veille qui était pluvieuse et orageuse. Le sens du parcours a d’ailleurs été inversé par rapport au sens « normal », à cause des risques d’orages.
Tant mieux ! Je me sentais peu motivée pour toute une course sous la pluie !

5h pile, nous nous élançons, près de 200 coureurs, dans la nuit encore noire. Quelques mètres dans Pralognan, où je m’efforce de prendre mon rythme et fais quelques accélérations pour ne pas être retardée par des coureurs plus lents. Je sème même Mathias à un moment, j’ai profité d’une « ouverture » sur la droite ! Très vite, cela grimpe, sur une large piste, puis sur un petit sentier en lacets, à nouveau une large piste. Mathias, qui a couru avec moi les premières minutes, me distance rapidement. Je le vois un moment devant moi, puis, ne le vois plus. Quand nous approchons du Col de la Vanoise, premier col de ce périple, le temps se dégrade, le jour se lève, mais dans la grisaille et la bruine. Je fulmine intérieurement, cela fait à peine 1h que nous sommes partis, je sens déjà mes doigts gourds sous l’effet du froid et dois m’arrêter pour enfiler ma veste de pluie. Voilà qui augure mal de la suite…

Premier ravitaillement au Refuge du Col de la Vanoise. Je ne suis pas trop « dedans », j’ai froid, la pluie me sape le moral. Je mange un peu et repars, la tête ailleurs. Quelques minutes plus tard, la pluie cesse, le soleil point derrière les nuages, tout semble s’éclairer et se simplifier d’un coup. Je me remets dans la course, mange une barre, ne crains plus l’abandon. Une grosse bouffée d’énergie et d’optimisme me redonne courage et motivation. Une portion roulante, une descente, une autre portion roulante avant une remontée vers le Refuge de la Leisse. Le paysage est magnifique, ce sera la plus belle portion du parcours, hautes montagnes au loin, grandes étendues herbeuses, lacs glaciaires, un mélange superbe de la rudesse de la haute montagne, de la sérénité des alpages et de la magie des lacs.

2ème ravitaillement très sympathique au Refuge de la Leisse. Je fais une pause relativement courte, mais régénératrice. J’ai le moral, les kilomètres me semblent défiler à bonne vitesse. Mais il ne faut pas oublier, qu’avec le changement de sens de la course, le plus dur se retrouve à la fin du parcours…
Encore un peu de montée, des portions bien roulantes, et voilà le Col de la Leisse. 2ème col ! Longue descente ensuite vers la station de ski de Val Claret. Etrange de voir surgir de la montagne les énormes constructions des remontées mécaniques, après plusieurs heures au cœur de la nature préservée du Parc National de la Vanoise. J’avance à un bon rythme pendant toute cette partie. Les étapes de la course défilent dans ma tête. Le prochain ravito ? A quelle heure vais-je arriver à Pralognan? Ah ! Ce qu’on l’attend l’arrivée, dans une telle course ! Je m’interdis de trop y penser, pour l’instant, il reste encore trop de chemin à parcourir. Derniers mètres de descente et j’atteins le ravitaillement de Val Claret, en plein vent, au milieu d’une station de ski qui fait peine à voir sans neige…Je ne m’attarde pas. J’espérais un ravitaillement plus conséquent, en aliments salés notamment, et suis un peu déçue. Je me rabats surs les TUCS et le thé chaud sucré !

C’est reparti pour la montée vers le Col du Palet, très courte, que je prévoyais beaucoup plus longue et dure. En revanche, la descente…

Elle commence sous de bons auspices. J’ai toujours ma belle motivation du début. Je garde un rythme régulier mais…cela n’en finit pas… Une longue piste carrossable qui mène à des bergeries et refuges d’alpage, dont je ne vois pas le bout et j’ai l’impression décourageante de ne pas avancer. Une douleur au genou gauche pointe le bout de son nez dans les portions raides, le système digestif est malmené par cette longue période de course à grandes foulées.  Je repasse dans ma tête le déroulé du parcours, me mets à marcher et  jette un coup d’œil au Roadbook. Mais il est où ce ravitaillement du Laisonney-d’En-Bas ? En bas, bien en bas, ça c’est sûr !! Un coureur me double à ce moment-là et m’encourage. Je ne me sens pas épuisée, j’en ai simplement ras-le-bol de ces lacets qui n’avancent pas , de cette descente archi-monotone qui me met le ventre en vrac et malmène mon genou. Cahin- caha, je finis par atteindre le ravitaillement.

Je décide d’y faire une bonne pause, pour reprendre mes esprits, prendre un anti-inflammatoire pour mon genou, couper un peu la course car je n’ai fait que de très courtes pauses jusque là. Mes soucis digestifs m’inquiètent, je sais que les maux de ventre peuvent empêcher de courir et donc rendre interminable une course…Je repars, en marchant, pour me donner le temps de digérer ce que je viens de manger. Je marche sur la route, en légère descente. Cela ne monte pas encore ? J’attends le dénivelé avec impatience. Au bout de quelques minutes, je me sens beaucoup mieux et peux me remettre à trottiner. Du plat, encore du plat, heureusement que le parcours est réputé « cassant » ! Ma douleur au genou s’apaise, elle ne me dérangera plus jusqu’à l’arrivée.

Enfin, le sentier se met à grimper. En montée, pas de souci, j’avance. Je reviens sur plusieurs personnes. Ascension de la Tour du Merle sans problème. Redescente courte et raide, avant d’atteindre le ravitaillement de Plan Fournier, le dernier ! Là, ça y est, cela sent l’arrivée, il reste 12 km, mais plus de 900 m de dénivelée positive...

Je repars. De la montée sur un vrai sentier de montagne en lacets comme je les aime. J’ai mon rythme, je reviens régulièrement sur d’autres coureurs. Erreur, j’ai oublié de remplir ma poche à eau au ravitaillement. Je n’ai plus d’eau. Je m’arrête pour la remplir à un torrent. Je ne me voyais pas ne rien boire jusqu’au bout. Je reprends la grimpette et, là au moins, je me sens avancer, gagner du terrain, prendre de l’altitude, avaler les lacets, pas comme lors de cette terrible descente vers le Laisonney. Je suis fatiguée, bien sûr, mais pas vidée, mes jambes répondent encore au dénivelée. Je continue à revenir sur d’autres coureurs. Les bâtons me sont une aide précieuse pendant ces montées. Contrairement à la majorité des coureurs que je croise, je me fais plaisir dans cette belle montée!

Arrivée au Refuge du Grand Bec, le plus gros du dénivelé est derrière moi. Il faut ensuite monter encore un peu, s’ensuit une longue traversée descendante avant les derniers 100 mètres de dénivelé qui permettent d’atteindre le Col de Leschaux, dernier col. A l’arrivée eu Refuge du Grand Bec jusqu’au milieu de la redescente vers Pralognan, l’ambiance et le terrain font très « montagne », grandes étendues de roches, raréfaction de la végétation. J’aime beaucoup, je m’attendais à ce que le parcours évolue plus longtemps dans ce type de terrain. Je trouve un peu longue la traversée descendante, le sommet du col me paraît bien loin, mais, une fois la traversée terminée, j’avale les derniers mètres de dénivelée. Comme je l’aurais attendu ce Col de Leschaux ! J’appréhende les premiers mètres de la descente. On nous a dits qu’ils étaient délicats. Le CRS au sommet me rassure. Rien de bien méchant, en effet, simplement quelques portions raides.

Je m’engage dans la descente, je suis sur un petit nuage, je flotte, c’est génial, je vais y arriver ! Je reste très concentrée, le sentier est raide, étroit, escarpé, avec la fatigue, une chute, une blessure pourrait arriver très vite. Très régulièrement, je me répète de rester concentrée jusqu’au bout, qu’il faut à tout prix éviter l’erreur bête d’inattention. Pralognan en bas, toujours en bas. Je me suis tellement préparée psychologiquement à trouver cette descente horrible et interminable que, du coup, je l’encaisse plutôt bien ! Et je préfère les vrais petits sentiers de montagne aux larges pistes carrossables en pente douce !

Le bas, une légère remontée, qui fait pester le coureur qui me suit, et j’arrive sur les hauteurs du village de Pralognan, sur la route. Là, j’ai le sourire et la patate ! J’allonge la foulée, et soudain, l’arche d’arrivée à ma gauche. Quoi, il faut aller à droite ? C’est quoi la blague ? Vous délirez ? Eh non, l’organisation nous a prévu un bon km de rab’, histoire de nous faire passer par le rue principale du village. Je déteste ça ! Ca se voit qu’ils n’ont pas fait la course ceux qui ont pondu cette arrivée à la noix ! C’est le genre de petits détails qui décrédibilise une organisation de course. La preuve que personne ne s’est mis à la place des coureurs…

Bref, je fais donc le joli petit détour en rageant intérieurement, passe à grandes foulées dans la rue principale et…franchis la ligne d’arrivée ! Toujours un moment si étrange, on l’a tant attendu, tant imaginé, depuis des jours, des heures, des minutes, et, à vivre, c’est juste un instant, qui passe comme un éclair. Sa fugacité annihilerait presque les efforts fournis pour le vivre, cet instant. A peine vécu, il disparaît.  On nous enlève la puce du dossard. Et voilà. C’est fini. 11h14 d’effort. Il est 16h15.

Encore une belle victoire contre la fatigue et contre moi-même. Je suis heureuse d’avoir terminé cette course, au parcours un peu décevant mais qui restera une magnifique aventure intérieure, et un superbe voyage à travers la Vanoise.

Mathias : 9h40, 19ème au scratch, 6ème V1.
Moi : 11h14, 61ème au scratch, 2ème SEF, 6ème au scratch femmes.

Parcours: Pralognan - Col de la Vanoise - Refuge de la Leisse - Col de la Leisse - Val Claret - Col du Palet - Le Laisonnney-d'En-Bas- la Tour du Merle- Plan Fournier - Refuge du Grand Bec - Col de Leschaux- Pralognan

Matériel: Short en mérinos, t-shirt manches courtes, manchons pour les avant-bras pour se protéger du froid, chaussettes "Boosters" pour les mollets, paires de gants légers, buff, veste de pluie, paire de chaussettes de rechange et t-shirt à manches longues qui resteront dans le sac, sac Salomon S-Lab, Saucony Xodus aux pieds, bâtons Camp Xenon, 6 barres (5 consommées).

Site du Tour de la Grande Casse

lundi 17 août 2015

Le 15 août 2015: Escapade dans le Dévoluy




Une météo bien mitigée pour ce weekend du 15 août, un gros trail en perspective pour la semaine suivante…c’est parti pour une jolie boucle « dévoluarde ».

Nous nous garons à Serre Long, sur une piste carrossable peu après le hameau de Lachaup, au-dessus d’Agnières -en-Dévoluy. Nous montons sur le GR, dans la brume et l’humidité, en direction du Col du Charnier.  Avec ces mois de juin et de juillet caniculaires, nous avons perdu l’habitude du mauvais temps ! Nous alternons brouillard épais et brèves trouées, dans un panorama, entrevu par bribes, typique du Dévoluy, grandes étendues herbeuses, avec des sommets rocheux de taille modeste, mais aux formes étonnantes et  déchiquetées. 

Au bout d’une heure, nous atteignons le Col du Charnier. Nous continuons vers le Lac du Lauzon, puis la Cabane du Fleyrard. Premiers mètres de descente bien raides vers le Lac du Lauzon. Nous faisons une petite pause pour grignoter une barre à la Cabane du Fleyrard, et décidons de « boucler la boucle » que nous avions repéré sur la carte.
Et c’est reparti, cavalcade en descente sur une large piste, puis longue traversée en forêt, sous la bruine froide, que je trouve bien fatigante. Nous nous retrouvons sur les pistes de ski de La Jarjatte, et entamons la montée vers le Col des Aiguilles, qui doit nous permettre de replonger côté Agnières-en-Dévoluy. La pluie se calme, les nuages se déchirent, c’est appréciable de voir un peu autour de soi !

Belle arrivée au Col des Aiguilles, puis descente en pente douce de l’autre côté. Nous courons à grandes foulées au milieu de ce paysage écosso-irlandais, la brume nous enveloppe à nouveau. Elle ne se dissipe que lorsque nous arrivons aux abords du Col du Festre. Nous n’allons pas jusqu’au col, mais obliquons à gauche, en traversée, en direction de la Cabale de La Rama.  Galopade sur une large piste carrossable, quelques croisements, quelques coups d’œil à la carte, et nous rejoignons Lachaup à 16h45. 
Belle sortie...mais qui ne nous a pas tout à fait rassurés quant à l'objectif de la semaine suivante, 63 km, c'est plus du double...!

En tout : 5h30


Itinéraire suivi : Lachaup – Col du Charnier –Lac du Lauzon –Cabane du Fleyrard – Alpages de Mougious – Col des Aiguilles – Cabane de La Rama - Lachaup

mardi 11 août 2015

Les 8 et 9 août 2015: Nuit au refuge de la Charpoua



 Ce weekend, montée pour une nuit au refuge de La Charpoua avec Tim, Virginie et Raphaël.

 Un weekend placé sous le signe des échelles, qu’il faut monter, et descendre, pour accéder à ce refuge bien perché, et d’une montagne verticale, austère, rude, raide, qui tolère plus qu’elle n’accueille les effrontés qui osent s’aventurer jusque là !


Orages en soirée et dans la nuit, redescente sous la pluie dimanche. Ah, les échelles trempées, déjà une belle petite aventure! 

Montenvers: fin des échelles...et des difficultés!
Petite histoire:
Le refuge de La Charpoua a été construit en 1904 par le Club des sports alpins de Chamonix.
Il est aux pieds des Drus, montagne mythique, où Walter Bonatti réalisa son fantastique solo en 1955. La voie ouverte par Walter Bonatti disparut à jamais dans un énorme éboulement en 2005.