Un texte où il n’y a ni dégaine, ni basket…
Un texte sur ma découverte du yoga. Non, je ne veux pas tomber dans la caricature
du très à la mode sans lactose-sans gluten-zen -yoga-consommation locale, du
moins, vais-je essayer.
J’ai commencé à prendre des cours de yoga en septembre
dernier, des cours « débutant », sans prétention aucune, au public
très varié. Les cours se déroulent toujours selon le même schéma :
exercices respiratoires, postures, puis relaxation. Cette pratique me plaît
mais avec, au premier abord, comme un goût d’inachèvement, une
déstabilisation aussi pour moi qui ai
l’habitude des sports très physiques, où l’on se force, se malmène. Je sens
toutefois qu’il faut aller voir au-delà, insister, que, peut-être, derrière les
exercices respiratoires qui me paraissent parfois ennuyeux et difficiles, se
dessine un autre rapport au monde et à soi.
Et, soudain, au début du printemps, comme un déclic. Je me
rends compte que j’attends les séances d’une semaine sur l’autre, qu’elles me
procurent un réel bien-être, que j’entrevois cette pratique comme un élément
important de ma vie. Dans cet attrait nouveau, il y a à
la fois apaisement et élan, sérénité et découverte.
Oui, le yoga rassure. Je sais désormais que dans n’importe
quel lieu où il est possible de se mouvoir un tant soit peu, je peux respirer, pratiquer
quelques postures, et mettre les peurs, les ennuis, à distance. Pas les
éradiquer mais simplement les repousser, m’en détacher pendant quelque temps, sans
aucun accessoire ni artifice, avec uniquement mon souffle et mon corps. Après à
peine 9 mois de pratique, à raison d’une heure quinze par semaine, je ne me
targue pas une seconde d’être en mesure de donner des leçons ou d’accéder à un
quelconque état supérieur de conscience, simplement, à mon petit niveau, j’ai
acquis cette capacité, cette confiance, je sais que cela est possible. Je sais
que quelques postures enchaînées en conscience peuvent me faire infiniment de
bien, m’apaiser.
Le yoga ouvre sur un monde différent, différent de notre
quotidien où il faut toujours faire plusieurs choses à la fois, aller vite, ne
pas penser à son corps, ou quand on y pense, le forcer, le malmener, oublier la
part corporelle et animale de notre existence.
Au yoga, cette existence corporelle redevient le centre. Nous sommes
avant tout notre corps, on entrevoit d’infinies possibilités à la fois de le
maîtriser et de le respecter, de l’écouter mais de savoir aussi l’exploiter à
fond, le révéler. Tout ceci trouve un écho profond en moi. La pratique des
raids multi-sports, du trail et de la haute montagne m’a inculqué ce mélange de
confiance et de défiance qu’il faut avoir envers son propre corps pour parvenir
à repousser ses limites…sans s’effondrer. Écoute et révélation des possibles.
Dans un monde idéal, simplifié, épuré, pour moi, la vie
pourrait se résumer à cela : se défoncer physiquement et nerveusement dans
des efforts intenses comme ceux du trail et de la haute montagne, puis, se
ressourcer, savourer la vie en pratiquant le yoga. Et recommencer.
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