Orange: Couloir Young/ Bleu: Brèche Lory: itinéraire suivi |
Un itinéraire original.
Montée la veille en soirée au refuge de Temple-Ecrins depuis La Bérarde.
Je suis avec Mathias, et ses deux enfants, Hugo et Oscar.
Réveil à 2h. Par ces temps de canicule, la nuit est à peine fraîche. Nous partons vers 2h40.
Nous commençons par remonter un sentier, puis un pierrier malcommode, assez
énergivore. Nous nous encordons et chaussons les crampons quand nous atteignons
le glacier. Commence alors une longue remontée sur le glacier, sous les lueurs
du jour qui se lève peu à peu. Magnifique. En approchant, Mathias se rend
compte que le Couloir Young, l’objectif initial,un peu plus raide, est tout sec. Nous nous replions donc sur le versant sud de la Brèche Lory,
normalement un couloir de neige peu raide.
Mais les conditions en ont décidé autrement. Suite aux chaleurs
caniculaires de ces derniers jours, le couloir est quasiment entièrement déneigé,
la rimaye très ouverte. Mathias la franchit par un passage raide en rocher à
gauche et nous assure du haut. Ce sera la portion la plus difficile
techniquement.
S’ensuit une portion de neige assez raide où Hugo et Oscar découvrent l’usage
des deux piolets. Puis, comme la neige se transforme en fine couche de glace,
Mathias oblique à gauche pour prendre pied sur du rocher…instable et
« péteux » à souhait.
Des portions plus raides alternent avec des portions plus faciles. La
difficulté ne vient pas de la cotation d’escalade, mais de la qualité du
rocher, absolument pourri. On s’agrippe, cela dégringole, on pose un pied, tout
valdingue ! Deux
grosses alertes, un gros bloc qui passe à quelques centimètres de moi, un plus
petit qui me touche le bras. Panique à bord, je déteste cela, cette sensation
d’être à la merci de ce qui peut arriver, de ne pas pouvoir faire grand-chose
pour éviter le danger. Tombera. Tombera pas. Mon estomac se noue et j’ai hâte
de sortir de cette « poudrière ».
Hugo vers la fin de la voie |
La sortie de la voie |
Juste au moment où Mathias annonce que nous sommes presque tirés
d’affaire, nouvelle alerte, le bruit caractéristique des pierres qui
dégringolent, le regard qui se lève et cherche à apercevoir les projectiles,
tout le corps qui se tend, prêt à se déplacer ou à se plaquer contre la paroi.Un gros bloc tombe sur les épaules de Hugo, plus de peur que de mal, à nouveau.
Dans la dernière portion, je parviens à grimper sur un éperon plus à gauche,
sur du rocher plus sain. Ouf.
Et nous voilà au débouché de la brèche Lory, il est à peine 8h. Le
Glacier Blanc de l’autre côté, illuminé par le soleil. Un grand moment cette
arrivée, le passage de l’ombre au soleil, du rocher pourri aux vastes étendues
de neige accueillantes, de l’austérité à la lumière. Encore quelques petits mètres
de dénivelée et nous atteignons le sommet du Dôme des Ecrins. Premier 4000 d’Oscar ! Chapeau bas à toi ! Nous faisons une bonne pause au
sommet puis entamons la descente. Oscar peine pendant toute la redescente du
Dôme, ses jambes ne le portent plus, il se laisse tomber, glisser.
Au débouché de la brèche Lory, avec Hugo et Oscar |
Oscar se reprend un peu sur la fin de la descente. En bas, nous nous
séparons : Mathias descend seul par le Col des Ecrins pour récupérer la
voiture garée à La Bérarde et la ramener à Ailefroide où nous devons séjourner toute la semaine. Je continue la descente
par la voie normale du Dôme avec Hugo et Oscar, qui nous mènera au Pré de Mme Carle,
juste au-dessus du camping d’Ailefroide.
On cuit sur le Glacier Blanc, on se pose au refuge du Glacier Blanc, puis on avale les lacets jusqu'au Pré de Mme Carle. Très longue descente en pleine chaleur, un grand bonheur d'arriver en bas. Il est 14h20, et la sieste réparatrice est bien méritée!
A 16h, stop jusqu’à Ailefroide. La première prend Hugo et Oscar, la seconde m’embarque. Les
conducteurs sont un peu interloqués au récit de notre périple « on est
partis à pieds de La Bérarde !». Il fallait l’imaginer cet itinéraire…puis
le mettre en œuvre et le vivre. Bravo Mathias !
Temple-Ecrins- sommet : 5h30
En tout : 11h45 avec bonne pause au sommet et au refuge du Glacier
Blanc.
TopoC2C
Petite histoire:
La première ascension du Dôme des Ecrins par cet itinéraire fut réalisée par Emmanuel Boileau de Castelnau et Pierre Gaspard, père et fils, en 1877, quelques semaines avant que cette cordée mythique ne vainquît la Meije, sommet emblématique de l'Oisans.
Petite histoire:
La première ascension du Dôme des Ecrins par cet itinéraire fut réalisée par Emmanuel Boileau de Castelnau et Pierre Gaspard, père et fils, en 1877, quelques semaines avant que cette cordée mythique ne vainquît la Meije, sommet emblématique de l'Oisans.
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