mardi 26 mai 2015

Le 24 mai: La Traversée du Néron, une grande classique grenobloise

 
Le Néron et ses arêtes depuis Grenoble

Avec Charlotte, toujours motivée pour une sortie en montagne.

 Une petite demi-heure d’approche à vélo et nous arrivons au petit village de Narbonne, où nous laissons nos montures.
Montée raide avant de nous retrouver sur les arêtes.






La traversée est agréable, alterne portions qui déroulent sur un étroit sentier, et petits pas de grimpe. Le tout demande une vigilance constante, sans jamais être dur. C’est très plaisant, les avantages de la rando (équipement léger, rapidité de progression), sans ses inconvénients (monotonie de la marche, absence de sentiment « d’aérien »).

Grenoble et le Synchrotron
 Plongée dans le couloir de Clémencières, place à la descente et à ses pièges d'itinéraire!
 Traversée le long des parois sur un petit sentier, envahi de broussailles, nous triomphons des arbustes qui masquent les méandres de l'itinéraire et parvenons à emprunter le bon sentier de descente!

Un peu moins de 5h vélo à vélo.
Une belle chevauchée!
Et quel plaisir de se laisser glisser à vélo jusqu'à Grenoble!



Grenoble juste en dessous

Itinéraire suivi: Traversée intégrale des arêtes, sans emprunter la passerelle Hippolyte Muller, avec descente par le couloir de Clémencières et boucle Narbonne-Narbonne.

Equipement: Trail/rando avec un petit brin de corde dans le sac au cas où.
Chaussure d'approche La Sportiva Explorer, sac à dos Osprey Talon 22 pour moi.
Chaussures de trail Scott et sac à dos Simond Alpinism 32L pour Charlotte.

mercredi 20 mai 2015

4 jours dans le Mercantour


 

Du 14 au 17 mai, une belle escapade dans le Mercantour!





La découverte de la Vallée des Merveilles et de ses inscriptions datant de l'âge de bronze, l'ascension de la cime du Mont Gélas pour Mathias, baignades dans le torrent et flâneries dans Saint Martin de Vésubie. Un bon bol d'air et de montagne.

Un aperçu avec le récit de notre jolie boucle du 2ème jour:


Réveil vers 7h. Nous nous préparons et sommes en route vers 8h10. La météo annonçait une importante dégradation. Pour l’instant, le temps tient, mais les nuages s’amoncellent à l’horizon. Nous avons repéré une belle boucle permettant de découvrir un peu plus profondément le Mercantour. 

Toujours au milieu des bouquetins et des chamois, nous atteignons notre 1ère étape, le lac Autier. Là, le mauvais temps nous rattrape, nuages, vent, la température chute. Au-delà, c’est la neige. Nous faisons une pause, non pas pour chausser les skis (cela pourrait presque !) mais pour nous équiper un peu plus chaudement, guêtres sur les chaussures, chaussettes montantes pour ma part. Nous sommes partis légers, donc n’avons pas beaucoup de rab’ de vêtements, la condition de survie, c’est d’avancer ! Nous avançons donc, les pieds dans la neige et la tête dans les nuages. Je me sens un peu fatiguée de la veille, mais n’avais pas envie de m’arrêter plus bas, j’avais envie d’aller voir au-dessus, de l’autre côté. Maintenant, c’est parti. Nous remontons dans la neige jusqu’à un collu, étroit et raide. Nous avions repéré sur la carte que nous avions un passage hors sentier juste au-dessus du lac Autier, normalement de courte durée.

Mathias s’engage pour franchir le collu. Je le vois taper énergiquement ses pieds dans la neige pour ne pas glisser. Un doute m’étreint, n’est-ce pas trop raide pour être franchi avec de simples baskets ? Mathias m’assure que non.  Je cesse de trop réfléchir et le suis, concentrée sur mes pas, c’est vrai, ce n’est pas si dur, Mathias m’a fait de très bonnes traces, et mes baskets tiennent admirablement bien sur la neige. Je me laisse emportée par l’ambiance et par le rythme de l’effort. J’aime cet effort là, tout simple, gravir une pente assez raide, de préférence en neige, de face, en appuis sur les bâtons : le petit coup avec la pointe de la chaussure à chaque pas, le pied qui jauge, très vite, si cela tient ou pas, prendre appui sur la jambe, et recommencer, le souffle qui s’accélère, la tête toute entière dans l’action, contrôler l’essoufflement, contrôler les pas. Et, le meilleur, l’arrivée, le regard qui plonge de l’autre côté, la petite décharge d’endorphines qui suit tout pic dans l’effort, la chaleur dans tout le corps. Nous sommes à la Baisse du Lac Autier.

Le fameux collu

Le temps se gâte encore, maintenant, il grêle, neigeote. J’appréhende la descente au début, mais la neige est suffisamment ramollie, la cavalcade/glissade est un plaisir ! Nous nous octroyons un petit extra en montant à la Baisse de Valmasque. Petite pause, il est 10h30, je me dis qu’il suffit de se laisser descendre tranquillement jusqu’au refuge de Nice. Oui, il suffit…
Nous nous engageons donc dans la descente, longeons un premier lac, à demi pris par les glaces, avec d’étranges concrétions glaciaires sur ses rives. Je me dis que le refuge de Nice est au bout du lac. Eh non, un 2ème lac. Le refuge sera au bout. Eh non, un 3ème lac…Je commence à perdre ma bonne humeur, il fait toujours mauvais, il grêle, je commence à avoir sérieusement froid, je me sens aussi fatiguée nerveusement. Longer ces lacs comporte plusieurs traversées un peu délicates sur la neige, rien de très difficile, mais qui me demande toutefois une certaine attention. Et là, j’ai envie d’arrêter de faire attention. Au bout du 3ème lac…le refuge. Descente casse-gueule sur des rochers recouverts de grêle, un panneau devant le refuge : Refuge de Valmasque…Quoi ! Mais ce n’est pas le refuge de Nice ?? Je sens comme un nœud à l’estomac…Le repos, ce n’est pas pour tout de suite.

Ambiance...

Pause pique-nique au refuge, je grelotte de froid et ai un peu de mal à encaisser la nouvelle de deux heures de crapahut supplémentaires…si le col que Mathias a repéré sur la carte passe…Ambiance glaciale pendant cette brève pause. Heureusement, le temps s’améliore, et nous repartons sous le soleil ! Il nous faut revenir sur nos pas, remonter le dernier lac, puis passer sur l’autre rive et monter en face. Nous trouvons un vague sentier. Mais, à nouveau, il faut remonter un névé bien raide, nouvelle petite angoisse, comme ce matin, je m’enjoins de ne pas trop « cogiter » et me concentre sur mes pas. Ouf, le haut du névé ! Puis, traversée vers la droite avant d’atteindre un replat. Lecture de la carte, après une petite hésitation, il fait bien prendre le col à gauche. Dernier névé raide et, le col, le Pas de la Fous. Yes ! Ce coup-ci, on tient le bon bout !

Dans la montée au Pas de la Fous

Nous perdons un peu de temps dans la descente, à traverser, à suivre d’autres races. Et la météo se dégrade nettement à nouveau, retour de la grêle et du vent. Nous plongeons vers un autre lac, et, enfin, nous apercevons le refuge de Nice. Je l’aurais attendu celui-là ! Nous ne sommes plus qu’à une heure de la voiture. Nous cherchons l’entrée du refuge d’hiver, peinons à la trouver, et décidons finalement de continuer. Encore un lac à longer. L’ambiance est hivernale, austère, une fine neige tient au sol, le tonnerre gronde au loin. Il nous tarde d’arriver ! Cette descente durera juste un plus d’une heure mais me paraît très longue. Je m’attendais à un bon sentier où nous allions pouvoir courir, la sente serpente dans les rochers et les pierriers, courir y est malaisé. Mathias prend de l’avance et je termine seule, en courant tout de même, sur la dernière portion bien roulante le long du torrent.
Pont du Countet : 15h45 ! 

 Une belle journée en montagne, au croisement du trail, de la randonnée, et de l’alpinisme. Je n’aime pas trop le terme « d’alpi-trail », ni celui de « fast-hicking », mais il s’agit bien de quelque chose qui s’en rapproche, crapahuter en montagne en étant léger, rapide, agile, ou du moins en tentant de l’être.

Durée totale : 7h30



Itinéraire suivi : Pont du Countet – Lac Autier – Baisse du Lac Autier – Baisse de Valmasque – Refuge de Valmasque – Pas de la Fous –Refuge de Nice –Pont du Countet.

Itinéraire que nous avions prévu de suivre (!!): Pont du Countet - Lac Autier - Baisse du Basto - Lac Niré - Refuge de Nice - Pont du Countet




Matériel : t-shirt manches courtes, short, t-shirt manches longues, coupe-vent, buff, lunettes de soleil, guêtres, chaussettes montantes type « Booster », sac de trail de 15-20L, bâtons.


Chaussures : Saucony Xodus pour moi, top sur la neige !

Salomon XA Pro 3D pour Mathias.


Ce qu’il nous manquait : une paire de gants légers, un collant long, une petite polaire.

mardi 12 mai 2015

Le 2 mai 2015: De Clelles à Die: Reprise du trail!



Reprise du trail pour égayer un weekend du 1er mai à la météo chaotique...

Nous prenons le train de 8h09 à Grenoble et arrivons à 9h13 à Clelles. Après un 1er mai extrêmement pluvieux, le soleil brille, peut-être parviendrons-nous à échapper à la pluie.

Nous rejoignons Chichilianne par des sentiers forestiers, un poil boueux. Après une mise en route tranquille, nous nous mettons à courir aux abords de Chichilianne. Derniers mètres de goudron avant d’attaquer la grimpette vers le Pas de l’Essaure, qui nous permettra de prendre pied sur le plateau. C’est un plaisir de revenir gambader dans cette région, où nous avions déjà fait un beau tour du Mont Aiguille. La montée se fait d’abord sur un large sentier forestier, puis un étroit sentier raide dans les bois, et, enfin, on sort de la forêt et on serpente jusqu’au Pas de l’Essaure. Ce premier effort nous fait bien suer, je suis partie vite et ne parviens pas à tenir ce rythme. Je ralentis beaucoup à la fin.

Et nous voilà sur le plateau, larges étendues sauvages, boisées par endroits. Le cheminement jusqu’aux abords du refuge de Chaumailloux est loin d’être évident. Nous évoluons en grande partie hors sentiers. Seule, je suivrais plus attentivement les cairns, mais Mathias semble savoir où il va. Nous alternons marche et course suivant le terrain. Une bonne grimpette tout de même juste après le Pas de l’Essaure. Nous rejoignons un bon sentier peu avant le refuge de Chaumailloux, là, nous cavalons bien. Mais, comme très souvent dans le Vercors, nous perdons rapidement le sentier et progressons à nouveau suivant une orientation générale. Nous rejoignons une bergerie, la bergerie de Jasneuf et nous nous arrêtons pour pique-niquer. Il est 12h20, cela fait 3h que nous crapahutons. La fatigue commence à se faire sentir, les jambes deviennent douloureuses…mais il reste encore du chemin.

30 min de pause, et c’est reparti ! On galope, on galope, sur de bons sentiers. L’envie d’arriver commence à se faire sentir. Emportés par notre élan, nous ratons une bifurcation à gauche et venons buter contre un bout du plateau. Il fait monter, traverser sur la gauche pour tenter de croiser le chemin que nous avons manqué. Le terrain n’est pas évident, impression de revenir sur ses pas, nous perdons du temps. Ce sera le seul moment un peu « galère » de toute la journée. Nous finissons par récupérer le sentier. Mais qu’il monte ce sentier ! Je me traîne. Sous la chaleur lourde, j’ai l’impression que chaque pas est un effort surhumain, et quelle soif ! Heureusement, la grimpette n’est pas très longue et nous retombons sur de grandes étendues où nous pouvons allonger la foulée…même si les jambes commencent à tirer sérieusement. Rester sur le sentier demande toujours autant de vigilance. Nous savons qu’il va bientôt falloir bifurquer à droite pour quitter le plateau et plonger vers la vallée. Nous devons aller un peu trop à droite…nous nous retrouvons sur un terrain bien pentu, à chamois, d’ailleurs, nous en croisons 4 ! Nous traversons sur notre gauche, tout en suivant de vagues traces (sans doute celles des chamois !) et, à nouveau, récupérons un bon sentier.

Le sentier de la descente ! Ah, cette fois, ça sent la fin ! Le sentier, raide mais pas trop, bien tracé, me donne des ailes, et je m’engage toute joyeuse dans une belle descente ! Nous plongeons vers l’Abbaye de Valcroissant. Mais qu’elle est longue cette descente ! Mon enthousiasme commence à s’émousser. Nous faisons le choix de ne pas descendre jusqu’à l’Abbaye, mais de traverser sur la droite, avant de remonter vers le Pas de Bret, ce qui nous économisera un peu de dénivelée sur la remontée au Pas de Bret. La traversée, descendante, est avalée plus facilement que ce que je pensais en regardant la carte. J’adore cavaler sur ce genre de sentiers, étroit, pas trop accidenté, un peu en descente, à la fin d’une grosse sortie, quand les endorphines commencent à bien faire leur effet et qu’on sent la fin proche, à portée de main. Cela déroule tout seul, l’euphorie nous gagne. On plane un peu, quoi ! Et je me sentirais presque mieux dans la remontée au Pas de Bret que dans celle du Pas de l’Essaure ! La machine est enclenchée. Je suis quand même bien contente d’arriver en haut de ce fameux Pas de Bret. Grand moment de satisfaction.

Nous plongeons vers la maison de la mère de Mathias. Nous la connaissons bien, cette ultime descente. Petit sentier raide en lacets d’abords, puis traversée à  droite, passage raide tout droit en forêt, puis on rejoint une petite route, puis la route de Romeyer…et la maison !
Il est 16h55. 7h30 d’effort, avec environ 30 min de pause pique-nique. Une fort belle sortie et vraiment la sensation d’un beau voyage ! Retirer ses chaussures et se doucher, est un grand plaisir. Boire aussi.

Itinéraire suivi: Gare de Clelles-Mens/Chichilianne/Pas de l'Essaure/ Refuge de Chaumailloux/ Bergerie de Jasneuf/ Bergerie de Laval d'Aix/ Serre-Jean/ Pas de Bret/ Die

 

mercredi 6 mai 2015

L'UT4M 90, le 23 août 2014: Premier trail long!




Je suis avec Tim et Thibault, fidèles coéquipiers de raid et donc partants pour tenter l’aventure de ce 1er trail long.

A 8h30, nous montons dans le bus au Parc Mistral de Grenoble, direction Rioupéroux, un village… charmant, encaissé entre les montagnes, qui ne voit pas le jour de l’année et où il ne se passe rien, si ce n’est ce départ de l’UT4M 90 ! Nous arrivons sur place vers 9h20, dernier encas, derniers préparatifs, Tim fait son show, on s’encourage.
Et, d’un coup, c’est le décompte « 10, 9, 8… ». Merde, dans 10 secondes, je suis partie pour courir 90 bornes !

Départ. On commence par une boucle dans le « village » de La Salinière, pour étirer le peloton avant la première montée. Etranges, ces premières foulées, comme si le cerveau se refsait à analyser ce vers quoi on se lance. Vide. Pas de pensée. Les jambes courent.
Très vite, on attaque la redoutable montée vers le Plateau de l’Arselle. Comme prévu et comme repéré sur la carte la veille au soir, ça monte sec, très sec. Tim et Thibault sont partis devant, espérant faire la course ensemble. Je ne voulais pas partir vite. Mais là, je me retrouve coincée derrière des coureurs vraiment plus lents que moi. Il faut que je les double, sinon…eh bien, je suis pas arrivée ! Donc, tout au long de la montée, je dépasse, par grappes, parfois au prix de quelques accélérations, je me sens bien, les jambes toniques, essoufflée mais sans plus. Quelques derniers lacets bien raides et nous voilà à Chamrousse, je reconnais le poney-club de Bachat-Bouloud, je suis un peu à la maison, voilà qui m’aidera bien pendant toute la course.

Dès les hauteurs de Chamrousse, nous sommes dans le brouillard, de plus en plus épais. On distingue à peine le Lac Achard, juste avant le ravitaillement de la Croix de Chamrousse, purée de pois à couper au couteau ! Ouf, ravito à l’abri dans une construction attenante au télésiège. Je bipe, je rentre et, qui vois-je ? Tim et Thibault qui s’apprêtent à repartir ! Bien sympa de vous voir là ! Ils repartent vite. Je bois, je mange, je me couvre, il va faire frais à la sortie. Il est environ 13h.
C’est reparti, dans le brouillard, toujours aussi épais. Je connais cette section pour l’avoir déjà parcourue à 2 reprises. Je reconnais à peine l’arrivée aux Lacs Robert. Descente. Remontée. Refuge de la Pra. Je bois. Il reste une courte descente, avant la montée au Grand Colomb, une montée très raide à nouveau. La tête dans le brouillard depuis plusieurs heures, je suis bien dans ma bulle, un peu à l’ouest, mais pas trop, je me sens toujours bien dans les montées. Je double plusieurs concurrents du 160 km, pathétiques, titubants, épuisés, je ne sais que leur dire, plutôt envie de leur crier d’arrêter…D’un coup, le sommet, je ne l’avais pas vu arriver. Et Jocelyn, de Wider, est là, nous échangeons quelque mots, il fait quelques photos, c’est toujours bien agréable de croiser quelqu’un que l’on connaît ! Et je plonge dans la descente. Je l’appréhendais cette descente, sur le profil, elle avait l’air bien casse-gueule. Ca va, j’essaie de bien prendre garde dans les passages plus raides. Soudain, le brouillard se déchire, ça fait un bien fou, après des heures dans le coton ! Je savoure la vue. Je reconnais un endroit où je suis passée à skis ce printemps, ça me donne la pêche. Petit sentier, puis piste, puis route. Je fais un bout de chemin avec un Toulonnais, on discute un peu.

Ravitaillement de Freydières. Je mange, je bois, remplis mon Camelback. Là, je ne reconnais personne et me sens un peu seule, mais je ne m’attarde pas. Vers 15h30, je repars.
Commence alors la partie la moins agréable de la course. Il faut relier les 2 massifs, passer de Belledonne à La Chartreuse…par une longue traversée de la vallée. Descente, puis plat, dans un monde urbanisé qui contraste avec le brouillard montagnard de Belledonne, et sa solitude. Passage à côté d’usines, traversée de voie ferrée, pont au-dessus de l’autoroute. Retour brutal à la civilisation. Je me sens bien seule…Je ne parviens pas à courir tout le temps. Je marche, puis me fixe un point à partir duquel recommencer à courir. Saint-Nazaire-Les-Eymes enfin ! Où donc est le ravito ? Les derniers mètres dans le village me paraissent interminables.

Heureusement, le ravito est vraiment sympa, de la place, pas de cohue, une grande salle, des bénévoles très disponibles, un bon bol de soupe vermicelles, quelques tucs, du pain et du fromage, de l’eau, du coca, changement de chaussettes…et c’est reparti !
Je suis regonflée à bloc ! Ca grimpe, et c’est là que j’avance le mieux. Je repars donc d’un bon pas et me lance dans l’ascension du Col de la Faïta à un rythme plutôt soutenu. Je suis pas mal seule au début, puis remonte plusieurs coureurs du 160. J’ai 2 filles du 90 en ligne de mire, je grignote du terrain, mais ne parviendrai à les distancer que bien plus tard. Heureusement que j’avais la pêche ! Il est vraiment hard ce col ! On commence à sentir la fin du jour, dans ma tête, je calcule, je n’arriverai pas à 22h, pas à minuit sans doute, 2h dernier carat, j’espère…Superbe lumière de coucher de soleil sur la plaine de l’Emeindras, coucher de soleil lumineux sur Belledonne. Petit pincement au cœur, arriverais-je à gravir Chamechaude avant la nuit ?

Je peine un peu plus dans la portion Emeindras-Habert de Chamechaude, ça monte pas mal, j’ai envie d’arriver au ravito, d’arriver en haut de Chamechaude, après, ça sentira vraiment la fin. Cocon de chaleur, du feu et humaine, au ravito du Habert de Chamechaude. Je ne m’éternise pas près du feu, je sens qu’il ne va pas être évident de repartir. Et voilà que je retrouve Thibault ! Il repart du ravito à mon arrivée ! Peut-être le rejoindrais-je dans quelques km…
Je repars avec une bonne motivation. Dernière grosse grimpette. Ce qui m’angoisse le plus, c’est l’arrivée de la nuit. Je la connais bien, cette montée à Chamechaude, traversée jusqu’à la Cabane des Bachassons puis montée directe. C’est long tout de même, le vent bien frais donne une ambiance plus rude. Enfin, le « sommet », 2 militaires qui nous pointent, juste sous le vrai sommet. Là, je sors ma frontale. Il fait déjà bien sombre et la descente est délicate, d’autant plus que les piles de ma frontale donnent des signes de faiblesse. J’aurais pu penser à les changer avant ! En bas de Chamechaude, je mets ma 2ème frontale autour de ma poitrine. Je changerai de piles au ravito.

Il est loin ce ravito…Après le Col de Porte, on emprunte une large piste raide et très boueuse, bouh, je n’aime pas ! Puis, peu à peu, je m’habitue à l’obscurité et me remets dans ma « bulle ». A ce stade, en descente, je trottine doucement, les jambes ont perdu de leur élasticité…
Je reviens sur un autre coureur, sa silhouette, son sac me disent quelque chose…c’est Thibault ! Nous sommes bien contents de nous retrouver ! Nous continuons donc ensemble cette interminable descente vers le Sappey, petite erreur d’itinéraire à un moment. Le ravitaillement est tout en bas du village, au chaud, à nouveau, havre de lumière et de chaleur face à l’obscurité du dehors. A nouveau, bonne petite pause, soupe, tucs, changement de piles de frontale.

Ah, ça change tout avec un meilleur éclairage ! Nous repartons vaillamment à l’assaut du St Eynard, et dans cette montée, je double enfin pour de bon une autre fille, qui ne cessait de me doubler dans les descentes, alors que je la doublais dans les montées. A partir de là, on ne pense plus qu’à l’arrivée. Arriver enfin…La montée au Saint Eynard passe bien. Vue superbe sur Grenoble illuminée tout en bas. La descente, quant à elle, est bien longue…Les lacets n’en finissent pas, les jambes en ont marre. Le Col de Vence ! Ouf ! Dernier ravito rapide, on ne s’attarde pas trop, l’envie de dormir guette, l’estomac malmené commence à ne plus trop supporter la nourriture.

C’est reparti ! Légère remontée jusqu’à la base du Mont Rachais. D’un coup, un croisement, un coup de frontale à gauche, à droite, ça y est, je visualise exactement où on est, pas où nous allons passer à la fin. C’était jusqu’à présent flou pour moi, allions-nous jusqu’en haut du Mont Rachais ou pas ? Eh bien, c’est non, nous restons à sa base et plongeons vers la ville. A partir de cet endroit, je connais le sentier par cœur. Les virages, les pierres, le dernier passage casse-gueule avant de retrouver le large sentier du Mont Jalla, tout défile dans ma tête avec précision. Mont Jalla, les lacets, la Bastille enfin, comme je l’aurais attendue cette Bastille ! Et là, je connais vraiment par cœur, lacets, marches, lacets. Soudain, j’entends Thibault me dire qu’une autre fille nous rattrape, ok, ça me soûle mais je ne peux pas tellement accélérer, et je vois quelqu’un, que je pense être Thibault, me doubler à bonne allure. Il en a de bonne d’accélérer ainsi ! J’essaie de revenir sur lui, mais peine perdue. J’accélère un peu tout de même.
Bas de La Bastille, pas de Thibault, bon, je continue. Je sais exactement quel itinéraire nous allons emprunter pour rejoindre le parc Mistral, c’était mon parcours de footing matinal en hiver.  Et là, je me dis qu’il faut continuer à courir, ne pas marcher, sinon, cela va être affreusement looong ! Je découpe le chemin qu’il reste à parcourir en petites sections et me concentre sur le franchissement de chacune d’elles, le sentier près de l’herbe, le pont, la piste cyclable, le pont…le début du parc, le parc, la rue à traverser, le parc, et…l’arche bleue, là toute seule.

Intérieurement, une grande joie déferle en moi, je souris, toute seule dans la nuit, ce n’est pas la foule, au Parc Mistral ( !!), j’allonge la foulée et serre le poing de victoire devant les maigres encouragements. Cette arrivée, c’est avant tout ça, ce poing serré, symbole de ma victoire sur les km et la fatigue, ce poing serré qui signe la fin des efforts, ce poing serré qui veut dire « ça y est, c’est fait », comme un grand cri de joie !
 Tim est là, sur le bord, emmitouflé dans sa couverture, un brin hagard. Et, Thibault, où est-il ?? Pas arrivé. Tim secoue la tête, non. Un moment d’inquiétude, je ne comprends pas. Et…voilà qu’il franchit la ligne. Stupide méprise…c’est moi qui l’avais distancé en tentant de rattraper quelqu’un d’autre !
Il est 2h15 du matin, Thibault et moi avons mis un peu plus de 16h (16h12 et 16h15), Tim a mis environ 14h et termine 11ème au scratch. Thibault et moi 30ème et 31ème. Pas si mal !
Bref, nous sommes là tous les 3, « finishers », épuisés mais encore bien debout sur nos jambes, heureux de cette belle aventure. Une de plus ! Et merci à vous deux, seule, je n’aurais peut-être même pas osé prendre le départ !
Petite soupe puis retour chez moi pour un dodo bien mérité ! Quel bonheur de retrouver son lit…